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Les somnifères : indications, effets secondaires

Une solution radicale contre les insomnies ? Les somnifères constituent le remède de la facilité, le dernier recours pour mettre un terme à ses troubles du sommeil, souvent perçus comme la panacée, les somnifères ne sont pas dénués de risques. Ces hypnotiques sont de plus en plus décriés par les professionnels de santé. Ces professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme sur un usage parfois déraisonné de ces médicaments loin d’êtres inoffensifs. En effet, certains individus abusent de ces traitements, d’autres personnes se précipitent sur ces solutions alors qu’elles pourraient venir à bout de leurs troubles du sommeil avec d’autres traitements moins assommants comme les compléments alimentaires.

Dans pratiquement 80% des cas, les troubles du sommeil rapportés ne relèveraient pas de l’insomnie. Derrière ces difficultés d’endormissement, de réveils nocturnes se cachent souvent des douleurs, un stress profond, des troubles de l’humeur. La France est détentrice du triste record de la consommation de somnifères : 1/3 des plus de 65 ans consomment ces médicaments. La moitié se fait prescrire des somnifères de type benzodiazépines dites à durée de vie longue. La Haute autorité de santé a émis de sérieuses réserves en pointant du doigt comme la consommation inadaptée de ces somnifères chez les séniors dans un rapport de 2012.

Les somnifères ne doivent pas être envisagés comme une solution viable pour mieux dormir. En effet, ils sont adéquats uniquement en cas d’insomnies aiguës. Il s’agit d’insomnies passagères liées à un incident de parcours, un passage à vide, un deuil, ou encore une séparation. Ces effets indésirables peuvent déclencher une cascade de prescriptions médicales. Quand un individu rapporte un symptôme inhérent au somnifère, sans soupçonner que le médicament sédatif en est à l’origine, il peut recevoir des ordonnances pour un autre traitement. Le risque est alors de surconsommer des médicaments et ces interactions peuvent détériorer votre état de santé.

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Somnifères et cerveau : mémoire, concentration et démence

Des études ont mis en évidence la relation entre le recours régulier et à long terme des somnifères et des effets secondaires graves. En effet, ces somnifères renferment une molécule qui stoppe l’activité de l’acétylcholine, une substance chimique cérébrale liée à l’activité musculaire, l’attention, l’apprentissage et la mémoire. Ces médicaments pour le sommeil peuvent donc générer un état de confusion mentale. Les somnifères peuvent provoquer des effets amnésiques, se manifestant par des troubles de la mémoire, une altération des performances intellectuelles.

Les somnifères par leurs effets anesthésiants immergent le dormeur dans un sommeil induit. En étudiant les signaux électriques du cérébraux de sujets ayant consommé des somnifères et en les comparant avec ceux qui n’en avaient pas pris, des chercheurs ont noté une remarquable différence sur la qualité du sommeil. (1) D’après l’agence de sécurité du médicament, le recours aux benzodiazépines conduit à une hausse de l’ordre de 60 à 80% du risque d’accidents de la circulation, le danger est d’ailleurs multiplié par 8 avec l’interaction de l’alcool.

Les séniors recourant aux benzodiazépines de demi-vie longue présentent un risque supérieur de 60 % de souffrir d’une démence (maladie d’Alzheimer). C’est la conclusion tirée par des chercheurs et publiée dans la revue Alzheimer’s and Dementia (2), Ces résultats édifiants sont d’autant plus prononcés pour les tranquillisants à demi-vie longue (mettant plus de 20 h à être éliminés par l’organisme). L’utilisation de benzodiazépines sur une période de 3 mois ou au delà est associée à un risque accru (jusqu’à 51 %) de développer plus tard la maladie d’Alzheimer.

Des chercheurs (3) ont révélé la baisse de la connectivité fonctionnelle dans la bande bêta dans les aires corticales après la consommation d’un somnifère comme le zolpidem. Cette baisse se traduit par de plus faibles niveaux faible d’interactions neuronales entre régions situées à distance.  provoque un ralentissement des mouvements moteurs, 

Les somnifères puissants appartenant à la famille des antihistaminiques délivrent un effet qui va subsister le lendemain de la prise. Ils provoquent ainsi une somnolence résiduelle qui ne se dissipe pas. Les benzodiazépines agissent comme des décontractants musculaires. Cet effet peut aboutir à une diminution de la force physique. Le relâchement des muscles expose alors davantage aux risques de chutes, de perte d’équilibre.

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Somnifères et troubles cardiaques

Les somnifères benzodiazépines multiplieraient par 8 les accidents cardiovasculaire chez les sujets pris en charge pour une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée. Ce sont les résultats extraits d’une étude menée par les chercheurs du centre médical Tokyo Yamate (4). Ces somnifères peuvent provoquer des troubles respiratoires au cours du sommeil et ainsi alourdir le pronostic du patient. De plus, pour les individus atteints de problèmes respiratoires, les somnifères pourraient « aggraver l’apnée du sommeil.

Prise de poids et somnifères

Les somnifères classifiés dans la famille des antihistaminiques contiennent la diphenydramine, une molécule incriminée dans le phénomène de prise de poids. Cette substance délivrant un effet sédatif sur l’organisme provoque un ralentissement du métabolisme. Ainsi, les corps consomme moins moins d’énergie ce qui entraine une tendance à l’embonpoint. Composés de diphénhydramine, ces somnifères peuvent venir perturber les signaux de faim et de satiété, ouvrant davantage l’appétit et réduisant la dépense en énergie. Une étude (5) a mis en évidence une corrélation entre l’usage d’antihistaminiques et le surpoids. Sur 900 personnes étudiés , celles qui consommaient des antihistaminiques avaient plus de risques susceptibles d’être en situation d’obésité. Ces molécules interférent avec l’hypothalamus, le chef d’orchestre des hormones orexigènes qui suscitent la faim, et les hormones anorexigènes qui activent la satiété. 

Risque de dépendance, d’accoutumance : ne pas prendre les somnifères à long terme

Consommés pendant plusieurs mois, les somnifères entrainent une accoutumance (nécessité de revoir à la hausse les doses pour maintenir l’effet). Ce médicament ne doit pas être un remède à long terme pour combattre pour l’insomnie. Si vous souffrez de troubles du sommeil en lien étroit avec le stress, une thérapie cognitivo-comportementale ainsi qu’une bonne hygiène de vie (nourriture, activité sportive, routine de sommeil) couplées avec des pratiques comme le yoga, la méditation doivent être expérimentées avant de s’en remettre aux somnifères.

Selon l’agence du médicament, 35% des 1ers traitements aux benzodiazépines excédent souvent les 28 jours, et 10% s’étalent au delà des 3 mois. Ces durées qui dépassent les 4 semaines (grand max) préconisées par les médecins inversent le rapport bénéfice/risque. Cette utilisation prolongée ne permet pas le maintien de l’efficacité qui avec le temps va avoir tendance à décroitre. Au cours du 1er mois de prise, on peut gagner seulement 1 heure de sommeil par nuit. Cependant, les effets finissent par s’estomper avec le phénomène d’accoutumance.

Somnifères : la difficulté du sevrage

L’addiction aux somnifères n’est pas à prendre à la légère. En effet, beaucoup ne parviennent plus à s’en passer et ne conçoivent pas leurs nuits sans leur dose. Ceux qui essayent de se sevrer passent des nuits cauchemardesques et en viennent à la conclusion qu’il n’est plus possible de fermer l’œil sans ces sédatifs. Vous êtes nombreux à tomber dans ce travers. Vous prenez alors des libertés : dépassez les doses, outrepassez la durée recommandée et votre corps ne peut plus s’en passer.

La durée de traitement sous somnifères ne doit pas dépasser 4 semaines pour éviter la dépendance, l’accoutumance au médicament ainsi que la perte de son efficacité. Pour stopper la prise des somnifères, il est primordial de faire appel à votre médecin. Il vous aidera à diminuer progressivement la dose afin de mieux surmonter les effets du manque. Un phénomène de rebond (symptômes exacerbés) peut se déclarer à l’interruption d’un traitement. Un syndrome de sevrage peut apparaitre quand vous cessez brutalement la prise, avec la résurgence des insomnies, une agitation nerveuse, une anxiété voire même des idées confuses, des hallucinations ou des convulsions.

Se sevrer de cette solution contre les insomnies peut passer par le placebo. La petite astuce : acheter 30 gélules vides en pharmacie puis les remplir avec de la farine. Dans 25 de ces gélules, ajouter le dernier quart de comprimé qu’il reste et dans les 5 restant, ne rien rajouter (5 placebo). Tous les soirs, le patient en prend une, sans savoir s’il avale le médicament ou le placebo.

Les effets secondaires des somnifères

  • Migraines.
  • Impression d’ivresse.
  • Cauchemars.
  • Perte de libido.
  • Fatigue.
  • Perte de tonus musculaire.
  • Maux de ventre.
  • Brouillard mental.
  • Réactions cutanées.
  • Vision trouble.
  • Somnolence.
  • Vertige.
  • Chutes.
  • Sécheresse buccale.
  • Tachycardie.
  • Rétention urinaire.

La mélatonine offre une meilleure tolérance, ses effets secondaires sont moins intenses et plus rares. Cependant, sa prise doit être s’accompagner de vigilance car elle peut accroitre ou atténuer l’efficacité ou les effets indésirables d’autres médicaments.

Quelles sont les contre-indications des somnifères ?

Il existe des contre indications en cas d’allergie. Les benzodiazépines sont déconseillés en cas d’insuffisance rénale, respiratoire, hépatique ou de syndrome d’apnée du sommeil, de fatigue musculaire. Les somnifères sont proscrits en cas grossesse ou de l’allaitement. Les somnifères de type antihistaminiques hypnotiques sont contre-indiqués chez les individus présentant des antécédents de glaucome, des troubles urinaires ou de la prostate. Ces sédatifs sont à utiliser avec parcimonie et avec la plus grande surveillance surtout chez les séniors et chez les personnes souffrant de constipation, des troubles cardiaques.

CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE QUAND ON PREND UN SOMNIFÈRE

  • Faire une croix sur les boissons alcoolisées. En effet, l’alcool intensifie l’action sédative du somnifère (la somnolence est plus forte).
  • Ne pas additionner un somnifère à un autre traitement de la même nature ou à un médicament tranquillisant. Les probabilités de diminution de la concentration et de dépendance se cumulent.
  • Ne pas prendre le volant, un médicament pris la veille fait encore le lendemain. En effet, il n’est éliminé que partiellement dans le sang. Cela peut provoquer un ralentissement des réflexes, périlleux pour la conduite automobile, mais également pour le maniement de certains objets.
  • Ne pas repousser ou avancer l’horaire de la prise du somnifère. Ne pas choisir soi même le dosage ou la durée du traitement.
  • Ne pas sortir hors de son lit brusquement au cours de la nuit, le risque de tomber est accru.
  • Ne jamais prendre de somnifères au cours de la grossesse ou pendant l’allaitement sans avis médical.

(1) Sites of Action of Sleep and Wake Drugs: Insights from Model Organisms Jason Rihel and Alexander F. Schier.

(2) Race Differences in the Association Between Sleep Medication Use and Risk of Dementia. Leng, Yue | Stone, Katie L.

(3) Bomalaski MN, Claflin ES, Townsend W, Peterson MD. Zolpidem for the Treatment of Neurologic Disorders: A Systematic Review.JAMA Neurol. 2017;74? (9):1130-1139. doi:10.1001/jamaneurol.2017.1133 [published correction appears in JAMA Neurol. 2017 Sep 1;74(9):1144].

(4) Masahiko Setoguchi et al, Sleeping pills increase the risk of cardiovascular events in heart failure patients with preserved ejection fraction. Abstract P450 présenté lors du congrès Heart Failure 2014.

(5) The Association Between Sleeping Pill Use and Metabolic Syndrome in an Apparently Healthy Population in Japan. JMS-II Cohort Study Toshihide Izumida, Yosikazu Nakamura.

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